Fabriquer son isolant


A voir également : Pourquoi faut-il isoler le toit mieux que le plancher?


Il faut directement dissocier les deux types d'isolation possibles : isolation acoustique ou isolation thermique. La première est utile uniquement pour atténuer le bruit du moteur, dans la cabine de conduite, mais n'espérez pas isoler les parois dans le but de dormir au calme s'il y a du bruit dehors. En effet, les "murs" d'un fourgon sont constitués en partie par des vitres ; vous aurez beau avoir très bien isolé la tôle, tous les bruits passeraient par là. Et puis en camping sauvage, les bruits de la nature sont toujours agréables... Pour isoler acoustiquement le moteur, rendez-vous en page Bricolages de la section Trafic.

En revanche, une isolation thermique est primordiale dans un fourgon. L'hiver bien sûr, pour économiser le chauffage et ainsi augmenter votre autonomie, mais aussi l'été, pour ne pas transformer votre camping-car en four géant...

Vous aurez alors plusieurs choix, dont principalement :
- les isolants multi-couches,
- la laine de roche/verre,
- le polystyrène.

Les multi-couches sont les plus efficaces à épaisseur donnée. En gros, un centimètre de multi-couches équivaut thermiquement 10 à 20 cm de laine de roche, en fonction du nombre de couches justement. Le principe est simple : on alterne les couches de matériau très peu conducteur de chaleur avec les couches de matériau très réflecteur. C'est la réflexion des flux de chaleur qui fait toute la différence avec la laine de roche ou le polystyrène...

Tous ces avantages ont un prix : 18.50€ le m², pour du 11 couches (le top). Ca fait réfléchir. La laine de roche a besoin d'être en si grande épaisseur qu'elle vous fera perdre beaucoup d'espace, ce qui n'est pas l'idéal dans un fourgon. Quant au polystyrène, il s'avèrera bruyant dès qu'il aura l'occasion de vibrer et frotter quelquepart, évitez-le.

Que faire alors? Je me suis posé la même question, j'ai cogité un peu, puis je me suis lancé dans la fabrication artisanale de mon isolant multi-couches, totalement hydrophobe, imputrescible, silencieux et léger! Il n'y a rien de bien mystérieux dans ceux du commerce, il suffit de savoir où trouver la matière première, et comment l'assembler facilement. Et c'est justement ce que je vous propose maintenant :



La matière première

Commençons par lister les principaux composants des feuilletés du commerce :
- films polyester aluminisés armés
- molletons polyester
- films pare-vapeur
Les molletons (faible conductibilité thermique) et les pare-vapeur (bons réflecteurs) sont alternés, tandis que les films armés englobent le tout pour donner une certaine résistance à l'ensemble, notamment pour l'agrafage contre les doublages. En photo cela donne :


Isolant 11 composants du commerce

Je vous propose de remplacer le molleton polyester par de la mousse de polyuréthane ou de polyéthylène, de 2mm d'épaisseur, que l'on trouve par exemple chez Rétif (enseigne réservée aux professionnels, il suffit d'en connaître un) en rouleau de 100m x 1m. Cette mousse possède les mêmes qualités isolantes, mais a quand même un sérieux inconvénient : en cas de feu, elle dégagerait des fumées toxiques. Qu'à cela ne tienne, je me dis que de toutes façons s'il y a le feu à l'intérieur, soit je réussirai à l'éteindre, soit je réussirai à partir en courant, soit je mourrai carbonisé dans d'atroces souffrances, et ce, fumées toxiques ou non! Il suffit de prendre ses précautions en protégeant la paroi au niveau des plaques de cuisson et derrière le chauffe-eau et le chauffage, avec une plaque de métal par exemple.

En ce qui concerne les pare-vapeur, de l'aluminium ménager fera très bien l'affaire! Encore chez Rétif, on peut trouver des rouleaux de 200m x 33cm (ou 200m x 45cm chez Metro). On pourrait penser que c'est un produit bruyant comparé à l'aluminium plastifié, mais je vous assure que une fois calé entre paroi et doublage, il n'a plus aucune raison de bouger et d'ailleurs il ne bouge plus!

Enfin pour le film armé, sachez qu'il n'a d'utilité que pour la manutention et la pose, pour éviter que l'isolant ne se déchire dans les mains du client. Mais avec ma méthode de pose, cette solidité n'est plus nécessaire et donc le même aluminium ménager peut être utilisé.



Méthode de confection et pose

Cette méthode s'adresse aux personnes patientes, si vous ne voulez pas vous prendre la tête il vaut mieux acheter du tout prêt!

Commencez par vous fixer un nombre de couches pour votre isolation. Inspirez-vous pour cela des qualificatifs employés dans le commerce. J'ai personnellement opté pour 10 couches, ce qui fera une isolation pour des conditions sévères de chaud et de froid. En fait c'est 10 couches pour la tôle simple directement en contact avec l'air extérieur, mais j'ai réduit à 6 pour les zones doublées telles que passages de roues ou côtés du plancher.

Choisissez la zone que vous voulez isoler, on ne peut pas faire tout le camion d'un coup donc on procède par zones successives. Découpez alors un nombre égal de couches d'aluminium et de mousse. Le plus facile est de faire des bandes d'1m de large, car il suffit alors de 3 largeurs d'aluminium pour faire 1m.

Il vous faudra ensuite assembler ces couches, je préconise l'ordre suivant :


Ordre de superposition des couches

L'intérêt étant d'alterner les matériaux isolants avec les matériaux réflecteurs, mettre de l'aluminium contre de la tôle ou de la mousse contre du bois ne servirait à rien. Il faut bien mettre la mousse en premier contre la tôle, alterner puis finir par de l'aluminium. Si comme moi vous aimez chercher la petite bête, vous aurez remarqué que l'aluminium présente une face plus brillante que l'autre. Bien sûr, plus c'est brillant, plus ça réverbère les flux de chaleur... J'ai donc mis pour les 3 premières couches d'aluminium la face brillante vers l'extérieur, puis vers l'intérieur pour les 2 autres. En effet, que se soit l'été ou l'hiver, se sont les premières couches rencontrées par le flux de chaleur qui jouent le plus grand rôle, car soumises aux plus forts gradients de température.

Pour fixer les couches, vous avez deux possibilités, se distinguant principalement par leur coût de revient : colle ou double-face.
Colle : un voisin (merci Charly!) m'a fait découvrir la colle contact sous forme d'aérosol (on en trouve chez Castorama, 6€ pour 150mL, comptez plus d'une dizaine de bombes...) C'est diabolique cette colle-là. Vous pulvérisez quelques endroits sur la paroi du fourgon (pas besoin d'une homogénéité parfaite, loin de là), puis appliquez une couche de mousse. Nul besoin de trop écraser la surface, au contraire, plus il y a d'air emprisonné et meilleure sera l'isolation. Réappliquez un peu de colle sur la mousse que vous venez de poser, puis mettez maintenant de l'aluminium. Continuez comme ça pour toutes les couches, puis passez à une autre zone.
Double-face : comme le prix de cette colle me rebutait un peu, j'ai préféré continuer avec de l'adhésif double-face fin. C'est plus long à poser car il faut découper les morceaux et enlever leur protection à chaque fois, mais financièrement ça vaut le coup de s'embêter. Comme la méthode précédente, commencez par semer des petits morceaux de double-face sur la tôle, notamment aux quatre coins de la zone choisie. Appliquez la mousse, re-double-face mais pas aux mêmes endroits que la première fois, pour laisser le maximum d'air entre les couches. Appliquez alors l'aluminium, et ainsi de suite...
La tenue dans le temps du double-face est médiocre, c'est pourquoi il faut bien avoir en tête que ce n'est qu'une aide à la pose. Le maintien effectif de l'isolant se fera grâce au doublage qui le plaquera contre les montants et traverses.

Quelle que soit la méthode choisie, pour la jonction entre les zones, il faut bien faire s'interpénétrer les couches de mousse pour éviter tout flux d'air. L'aluminium quant à lui ne sert qu'à réfléchir, pas à bloquer l'air. Inutile donc de lier les feuilles entre elles, le fait d'être simplement jointives est suffisant.

Vous venez de réaliser une isolation réellement sur mesure, de seulement 1cm d'épaisseur, qui vous permettra d'exploiter chaque recoin de carrosserie pour l'aménagement. Il y a tout de même une variante à ma méthode de confection, plus simple mais plus vraiment sur mesure, qui consiste à préparer l'isolant en grande quantité tranquillement dans un local. Vous le poserez alors comme un isolant standard. A vous de voir...



Prix de revient

Calculons le prix de revient pour 20m² (surface effectivement nécessaire) d'isolant 10 couches :

Désignation Prix unitaire
€ TTC
Quantité Prix total
€ TTC
Rouleau de mousse 100m x 1m 33.5 1 33.5
Rouleau d'aluminium 200m x 33cm 16.7 1.5 (*) 25
Rouleau de double-face 7m 1.5 1 1.5
TOTAL : 60€

Soit un prix au mètre carré de 3€ tout rond!

(*) Je pars du principe que vous récupérerez le demi-rouleau restant pour votre cuisine, donc il n'est pas perdu...


OC - www.trafic-amenage.com - 22/10/2004